Atelier vidéo en intelligence collective : quand la vidéo est l’objectif et l’excuse en même temps !

Il était une fois une quinzaine de personnes de l’enseignement public, de différents établissements, qui se voient régulièrement en visio mais peu en chair et en os.

Par un beau jour d’avril, ils se sont retrouvés dans un lieu fabuleux, ppour our booster leur collectif, se célébrer, décompresser et s’inspirer.

J’ai eu la chance d’animer une journée créative tout à fait particulière pour eux. Encore plus de la réfléchir, la concevoir sur mesure, et de préparer le terrain !

La demande

Il y avait 2 objectifs principaux pour cette journée : passer un super temps convivial ensemble, et produire une vidéo que tous pourraient utiliser dans leurs établissements respectifs.

La création d’une vidéo, le deuxième objectif, n’avait pas d’autres précisions qu’elle serait pour la communication interne, aidante pour les participants (pour éviter de donner mille fois la même info ou autre objectif) et devait avoir un rendu pro sans pour autant relever d’une super production.

Quant à l’aspect de la convivialité, les quinze participants se connaissent et s’apprécient, et pour autant n’ont jamais été mis ensemble dans une proposition de travail créatif à plusieurs, encore moins dans le domaine de l’audio visuel.

6h pour ces 2 objectifs, c’est possible ! En fait je dis très rarement “non, c’est impossible”, sauf si on me demande quelque chose de trop précis et complexe qui n’est vraiment pas réalisable. Alors une vidéo commune en 6h tout en s’amusant, yes we can !

Et là où se trouve toute la beauté de la demande, c’est que la (meilleure) façon de rendre le challenge possible, inclus un élément qui permet l’objectif de convivialité : l’intelligence collective !


Comment ça s’est passé ?

Ensemble, tantôt collectivement, tantôt en groupes de différentes tailles et parfois seuls, ils ont fait leur part du travail. Et cela commençait par décider de ce que la vidéo raconterait, pour qui, et pour quoi (oui oui, à ma grande surprise au matin du grand jour, et malgré le petit atelier d’émergence d’idées que j’avais proposé qu’ils fassent entre eux, cette question là n’était pas claire, et je le dis pour attester qu’on peut faire TANT en 6 heures !)

Alors la journée, qui s’est nommée Journée CCC : Créative, Conviviale et Collaborative a été tantôt un espace de discussion ensemble, pour construire sereinement et en toute ouverture et sincérité. Puis de choix, collectifs, engagés, engageants, frustrants mais qui font avancer. C’est super d’ailleurs car la frustration nous a tous informé qu’il y avait un sacré désir, derrière la demande, et l’envie de continuer ensuite !!

Et ensuite, on est passé en ruche : temps courts de réflexion à plusieurs, essaimages d’idées, clarifications, approfondissements, puis spécialisations dans un domaine. Oui, car si je n’ai pas eu le loisir de faire apport technique sur la vidéo au court de la journée (mis à part l’évidence souvent oubliée qu’il faut d’abord un objectif et une intention précises pour concevoir puis tourner une vidéo), je tenais et avais de toute façon besoin que chacun mette la main à la patte pour construire les éléments essentiels de la vidéo avant le tournage : script, quelques éléments de storyboards, repérages de lieux, organisation du tournage, accessoires…Et pour cela, ils étaient guidés et en petites équipes.

Le tournage, placé juste avant la clôture, a été joyeusement speed et cela a apporté un élément très humain, touchant, spontané qui, j’en suis sûre, ne laissera pas son public indifférent. Lors de la phase de démarrage, j’avais d’ailleurs prêché pour ma paroisse : l’humain, dans son intégralité parfaitement imparfaite… une création faite avec le coeur, et la tête quoi !

La cloture a dévoilé des visages surpris que la journée était déjà finie et le challenge, qui semblait pour beaucoup inatteignable, franchi en rigolant (et en bossant quand même car il y avait des vrais temps de speed, de discussions qui fusaient…)

Et moi je suis partie avec quelques rushs et un storyboard sous le bras, et j’ai pu monter une vidéo sur ces bases, avec quelques éléments que j’ai trouvé en ligne, qui collaient parfaitement avec leurs désirs : l’abeille en fil rouge, l’esprit de la ruche, du besoin de chacun de se former en continu, pour le collectif.

Le travail de montage, qui dénotait de mon habitude car j’avais un storyboard à 15 cerveaux qui n’incluait pas le mien, était intéressant par son challenge : comment élever le projet sans le dénaturer ? Cette contrainte m’a été créative, sans surprise ! Jamais je n’aurais eu l’idée de chercher des abeilles CGI (crées par ordinateur) ou inclure une scène de ruche pour les crédits de fin 🤣 et pourtant, je l’AIME cette vidéo !



Chose qui me met en joie et qui apporte tellement plus de sens et puissance à notre travail collectif : la vidéo va être mise dans les communs des lycées agricoles de France. Tout établissement qui en voit l’utilité peut s’en emparer, le mettre à ses couleurs (son logo) et communiquer avec. Quelle fabuleuse congruence par rapport aux valeurs de cette organisation (et aux miennes ! )

L’ingrédient secret de l’intelligence collective que j’ai découvert lors de cette journée

Fraiches dans ma tête, telle une jeune romance, (merci Golearning pour l’accompagnement ultra pro et sur mesure à monter en compétence), ces techniques me sont apparues comme une évidence lors de la conception de la journée. Pendant plusieurs jours, j’ai donc élaboré un scénario de journée avec des expériences positives, agréables, mais aussi un travail de fond qui se devait d’être intense.

Le plus gros du travail de conception s’est fixé sur la mise en confiance et l’articulation d’une progression de la création vidéo en entonnoir… ouverture, plus précisions.

J’ai aussi bien sûr pris un temps pour les guides et supports qui permettraient à chacun de s’emparer des missions spécifiques pré-tournage, ainsi qu’un espace en ligne pour continuer de transmettre le goût de la création vidéo post- journée.

L’effet fabuleux de la nouveauté que représente une telle journée séminaire pour moi, a été que j’ai été autant hors de ma zone de confort en l’animant que les participants à la vivre. Pour moi, c’était une première donc de l’inconnu (bien préparé) et c’était excitant comme exploration. Une saveur tout à fait particulière et précieuse car je ne la revivrai jamais, et eux non plus. Car eux non plus n’avaient jamais travaillé ensemble, et créativement sur un projet commun.

Notre fébrilité commune m’a beaucoup touché, et je trouve ça essentiel de se permettre de l’accepter, l’exprimer, et vivre avec.

Pour autant, il n’y avait, dans ma fébrilité, aucun moyen que nous fassions ce que j’appelle techniquement “du boudin” (qui consiste tantôt à un “rien”, tantôt à un truc pas très inspirant / “bof”, tantôt à autre chose qui fout la honte à toute personne impliquée de près ou de loin), sans que je puisse prédire la forme et couleur du fruit de nos efforts. De leurs cotés, les participants m’ont exprimés leurs doutes sur leurs capacités, individuellement, à être au rendez vous, mais aucune sur le fait que j’allais les y guider.

Et comment ils en sont venus à cet état d’esprit est intéressant. 2 choses me portaient à relever le challenge que j’avais face à moi :

  1. Les différentes modalités et l’articulation de la journée que j’avais préparé laissaient difficilement la place pour une sortie de piste tragique …et vu les sorties de piste et autres improvisations auxquelles j’ai du faire face en tant que vidéaste au fil des années, je suis équipée pour ramener l’équipage à bord avec une super nacelle de créativité joyeuse.

  2. Collectivement, il n’y avait aucun doute que nous puissions faire “du boudin” car nous avions, en cumulé, tellement de compétences, d’envies, d’idées, que le résultat ne peut qu’être bien mieux que le travail d’un seul de nous, moi comprise. Et ça, j’en étais persuadées.

Pendant la première heure de la journée, j’ai osé exprimer le fait que je ne pouvais prédire ni garantir un résultat final d’une certaine forme, mais que j’avais ces certitudes. Et cette communication 100% sincère, ainsi, je pense, que mes quelques blagues très douteuses (venues de nulle part d’ailleurs, je crois que j’étais en pure “channelling”!) et mon excitation, ont convaincu chacun que “yes we can”, à défaut d’un “yes I can”.

L’ingrédient secret, c’était donc la confiance dans le processus, et la personne qui incarne ce processus. Je le savais en théorie, mais quand, lors du dernier tour de cercle, j’ai entendu les ressentis me parler de “je ne sais pas comment on va y arriver mais tu dégages une telle confiance qu’on va y arriver, que j’y crois aussi !” que j’ai intégré dans mon corps et mon coeur, ce que ça fait de permettre aux autres de prendre confiance sur le système qu’on a conçu pour eux.



Les 2 objectifs de la journée ont-ils été atteints ?

Avec cette ambition de créer une vidéo de toute pièce sans travail préparatoire, et le temps incompressible, le premier objectif de convivialité n’a certainement pas eu la saveur d’un buffet de 2 heures en terrasse ou d’une sortie vélo, c’était une convivialité - solidarité : les manches retroussées, chacun a mis l’effort nécessaire pour atteindre le but collectif, et les émotions (excitation, joie, doute, rush, inspiration, surprise) ont été au rendez-vous !

Lors du cercle de parole final, j’ai entendu des émerveillements face à ce que nous avions accompli, de la joie d’avoir partagé un moment de partage de qualité avec tout le monde, et puis pour certains aussi le sentiment de ne pas avoir fait assez individuellement, et c’est pour cela que l’expérience du collectif doit se vivre sur la durée, pour que chacun comprennent qu’il n’y a pas à fournir tous la même quantité d’efforts sur tous les domaines pour que le job se fasse admirablement, mais la juste quantité par les bonnes personnes au bon moment. Ce n’est pas un jour de magie qui va permettre à tous d’intégrer cela, mais c’est déjà une expérience importante.

Quant au deuxième objectif de vidéo, et bien je n’ai eu que peu d’ajustements à faire sur mon premier jet de montage et les retours m’ont fait fondre le coeur : “quelle belle surprise ! Tu as fait un super boulot avec toutes nos idées farfelues. Un beau moment créatif, collaboratif et convivial, vraiment !”

Le Couteau et l’intelligence collective : une amitié devenue passion

Ces dernières années, j’ai papillonné autour de formateurs, animateurs, consultants utilisant et prêchant l’intelligence collective. J’ai longtemps fait partie du collectif des Artisans du Changement dont c’est un des terrains de prédilections, et il m’est souvent arrivé de capter (et m’émerveiller de) les journées d’intelligence collective style World Café, Forum Ouvert ou encore des Ateliers Vision Boat etc… sans pour autant vivre ces temps moi même, mis à part quelques ateliers en tant que membre de ma coopérative, l’Ouvre Boites.

Récemment je me suis intéressée aux modalités d’une vie citoyenne désirables pour demain, et sont revenus des formats collaboratifs, la notion de Communs, de modes de gouvernances. Plus je rentre dans ces sujets, plus ça me passionne, comme un ensemble.

“Donc” je me suis formée à l’animation en intelligence collective !




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