7 conseils pour rendre vos vidéos plus respectueuses de l'environnement

En tant que créatrice de contenus dont les créations sont principalement utilisées sur le web, l’empreinte carbone de mon métier et de mes activités sont source de préoccupations pour la citoyenne que je suis.

Parfois je dois me rappeler l’utilité concrète de mon activité pour mes clients pour ne pas l’arrêter, c’est un des effets de l’anxiété qui me submerge parfois face aux enjeux écologiques. J’ai questionné au fil du temps comment je pouvais réduire mon empreinte sans dégrader la qualité des services que je propose et je suis surprise d’avoir peu trouvé de documentations dédiées aux activités de la photographie et la vidéo pour rendre ces métiers plus durables.

Récemment j’ai eu une conversation sur ce qui constitue l’éco-création audiovisuelle et j’étais en désaccord avec ce qui ressortait comme la part la plus polluante de notre activité. Pour la personne que j’avais face à moi, c’est le déplacement des équipes de tournage en mode doux qui était la priorité. Si on pousse vraiment la réflexion plus loin, on peut voir des habitudes moins visibles ou évidentes mais plus puissantes à mettre en place pour réduire son empreinte.

Ce qui m’intéresse, c’est vraiment de mettre plus de conscience dans nos métiers, plutôt que du greenwashing ou du collapsowashing.

Donc je partage ici le résultat d’une réflexion, en attendant de plancher plus en profondeur grâce à des outils comme Toovalu ou le Business model circulaire … les grands axes de réflexions autour de ce qu’on peut faire pour réduire l’impact de nos activités photographiques et audiovisuelles :

  • Le hardware (notre matos) :

    C’est LE point le plus important pour moi car il inclus plusieurs sous catégories et parce que la production du matériel photographique, audiovisuel et tous les accessoires associés sont de loin l’aspect le plus polluant de l’activité ! Tant la pollution liée à l’extraction des minéraux précieux essentiels aux capteurs photo-vidéos, que l’activité de manufacture de toutes ces pièces blindées de plastique…

    En matière de hardware, 2 grandes pistes de réduction d’impact :

    1. Eviter les achats non pertinents ou inutiles

      Jeune étudiante, j’ai acheté des accessoires de pacotille faits en Chine, qui n’ont pas duré longtemps, des accessoires qui se sont avérés inutiles car je trouvais d’autres façons de faire plus directes, plus rapides. Ces achats m’ont permis de voir que certains accessoires ont besoin d’être de manufacture solide et durable (les cartes mémoires, les stabilisateurs…) tandis que d’autres méritent plus de réflexion qu’il n’y parait (un trépied vidéo n’est pas qu’une stabilité, c’est le choix d’une plaque, d’un moyen de mettre la caméra à niveau. Comment il se déploie et se ramasse, son poids, sa maniabilité…tout cela mérite réflexion avant achat de façon à éviter de regretter son achat). Et puis j’ai acheté aussi de beaux objectifs lors de mes études que je possède et utilise encore aujourd’hui (oui oui !). Il y a certains investissements qui sont particulièrement plus utiles.

      Prendre la réflexion du juste équipement, ça peut passer par la location du matériel quelques mois pour tester les boitiers, objectifs et caméras les plus pertinentes pour les projets qui nous sont confiés et comment nous aimons travailler.

      En matière de matériel, rien de pire que les tendances ! Je suis formatrice à la vidéo avec smartphone, aussi, pour démontrer que ce n’est pas parce qu’on voit un équipement partout qu’il est THE truc qu’on doit avoir, j’ai acheté le PIRE accessoire que tant de personnes possèdent et qui est une hérésie totale : le ring light. Cette lampe à LED peu puissante, peu robuste, dont le design rond et rigide est ridicule pour des personnes portant des lunettes puisqu’on voit le reflet de ces ronds lumineux qui sont, au milieu, alignés de matière inquiétante à l’iris de la personne #catseyes, au pire juste à coté des yeux #chelou … ces lampes se sont retrouvées dans toutes les sections vidéos de tous les magasins qui ont une section vidéo, et même en grande surface car des influenceuses spécialisées dans le maquillage les avaient adoptées pour le joli teint que ça fait. A juste titre : quand on est installé devant son ordi, 1 mètre de distance et qu’on ne porte pas de lunette, c’est PARFAIT !

      Dès qu’on veut un usage plus vaste, plus polyvalent, c’est mort ! Sans compter la fragilité de l’objet qui fait qu’il n’est pas adapté à un usage terrain.

    2. Acheter moins mais mieux

      En lien direct avec ce dernier exemple du ring light, ce n’est pas parce qu’un accessoire est moins cher qu’on économise de l’argent sur le long terme. Acheter de la qualité pour les accessoires qui sont mis à l’épreuve du terrain, c’est s’assurer de ne pas devoir renouveler l’achat tous les ans ou 2. Je peine à trouver des accessoires qui méritent moins qu’on y mette le prix d’ailleurs… les filtres ND ? on voit la différence de qualité…pareil pour les objectifs. De tout mon “arsenal” je vois 2 accessoires pour lesquels j’ai moins misé sur la qualité : un système sans fil qui n’était pas une grande marque il y a 3 ans, je l’utilise encore et j’en suis satisfaite, par contre j’ai des micros de qualité, et un flash cobra qui, pareil, n’est pas de grande marque mais fait le même job.

      Je fais le choix aussi de ne renouveler objectifs et boitiers que lorsqu’ils se cassent ou menacent de se casser. Face aux injonctions de renouveler le parc régulièrement pour la course aux millions de pixels et la pression sociale d’avoir un équipement le plus à jour, je choisis la sobriété. Je suis vidéaste et photographe pour les pros, mes réalisations sont surtout visibles en ligne. Filmer en 4-5k, avec une technologie avancée serait certes une belle expérience, mais cette nuance serait invisible à l’oeil de la majorité du public qui le regarde en ligne. Je reparle dans le dernier point de la réflexion sur l’achat de matériel, car il y a bien plus que le choix du matos qui est à considérer !

      Le software : les outils pour une sobriété numérique

    3. Depuis peu, je passe tous mes rushs à la moulinette magique de Handbrake, logiciel libre qui réduit la taille des vidéos sans en dégrader l’image. Mon appareil photo n’a pas la capacité actuelle de faire ce travail aussi bien qu’Handbrake.

      Du contenu moins lourd, c’est utile pour préserver nos ordinateurs, libérer de l’espace sur les disques durs, et c’est moins de pollution numérique pour la vidéo montée.

    4. Sur ce principe de moins de ressources déployées, les logiciels libre de montages et de retouche photo sont préférables, car leur code est plus légers et ils sont plus sobres. Je suis à l’heure actuelle clairement en manque de motivation pour quitter mon habitude de la suite Adobe, donc je pose ça là simplement !

    5. Dernier point sur la partie soft (d’autres aspects me viendront peut être plus tard, et je suis preneuse de vos réflexions la dessus) : je livre tout le temps des photos en 2 formats : un optimisé pour le web, les réseaux sociaux ou autre, et l’autre optimisé pour le print afin que mes clients ne postent pas des photos trop lourdes en ligne. Idem, lorsque je suis en phase d’élaboration du montage, je ne propose qu’une version HD (720) plutot que full HD que je mets sur un lecteur en ligne plutôt qu’un lien à télécharger si la vidéo est susceptible d’être vue par plusieurs personnes plusieurs fois. Lorsqu’il s’agit de conférence, le format final peut même être en 720 avec l’accord du client car les vidéos sont déjà de fait assez lourdes et on voit moins la différence de qualité vidéo sur ces formats.

    6. En lien avec le point suivant, le choix du fournisseur de stockage de mail, de serveur qu’on utilise est important. Choisir du stockage plus responsable, c’est possible.

Voir son activité de manière systémique : c’est tout un processus à repenser

Plus je filme, plus j’ai besoin d’espace de stockage et plus souvent je vais renouveler mes achats de disques durs (plus la fin de vie de mon équipement avance aussi).

Pour éviter de trop filmer, c’est tout le processus de création qu’on peut revoir : Si on passe plus de temps à clarifier avec nos clients ce qu’ils attendent du contenu, ce qu’ils espèrent et imaginent, et enfin prendre un temps pour considérer l’utilité de toutes les idées par rapport au résultat escompté, cela permet de mieux cerner ce qui va être produit, et cela réduit “normalement” grandement le besoin de filmer ou de photographier.

Moins de contenu, moins de temps de post production…moins d’électricité nécessaire pour mon ordinateur, pour toutes les batteries utilisées, et puis moins de contenu, c’est aussi moins de disques durs achetés.

C’est toute la conception des projets qu’on peut repenser, et qui fera que le projet est plus ou moins éco-conçu : combien d’humains et de ressources techniques sont déployées, d’où viennent ils, quels sont leurs modes de déplacement, quels sont leurs partenaires et leurs modes d’approvisionnement…

Une conception de projet intelligente, maligne car économe en ressources humaines et techniques, créative, cela peut être un levier ultra puissant dans une stratégie bas-carbone. J’y mets le bémol que, pour moi, c’est le projet, le message qu’on veut faire passer, l’effet qu’on veut produire sur notre public, qui doit primer avant toute considération de sobriété, sans quoi, on risque de crée un effet “ah ouais…” plutôt qu’un effet “wow”. Y mettre le paquet pour y mettre le paquet, non, mais déployer les justes ressources pour atteindre ce qu’on aspire créer, oui 👍 .

Moins filmer, moins photographier, cela a une autre conséquence majeure systémique : moins d’heures de tournage / prise de vue donc moins d’activités à générer pour notre client afin de nous payer. Ah-haaaa ben oui, je préfère imaginer faire mon métier de manière la plus efficace, la moins énergivore à tous points de vue, quitte à avoir plus de projets à gérer. A mon échelle, cela représente peut être peu, mais imaginons que tous, nous choisissions de faire moins mais mieux, moins mais plus intelligent, moins mais plus utile… nous générerions une économie de temps et de nos ressources que nous pourrions déployer dans des choses certainement très utiles !

A oui, j’en viens à nommer ce dont on parle plus souvent en matière de banques : choisir ses clients, ses fournisseurs, tout son éco-système le plus éco-responsable possible est un levier énorme de réduction d’impact.

C’est là où le changement est le plus courageux, lent, et profond… choisir de ne s’entourer que d’entreprises engagées dans une démarche RSE, entreprises à mission, entreprises qui réinvestissent localement (cela peut passer par l’usage d’une monnaie locale par exemple), entreprises qui travaillent activement à améliorer leur impact positif sur leur environnement, que ce soit nos partenaires, nos clients, nos fournisseurs et prestataires.

J’aspire à développer d’ailleurs, dans mon activité, de plus en plus les co-narrations… des récits à plusieurs voix où on cherche à trouver et nommer ce qui nous relie, des partenaires qui racontent un projet en collaboration, pour faire croitre la visibilité du projet, pour penser ensemble plutôt qu’au simple bénéfice d’une organisation isolée. Ça vous dit ?

Si vous avez pensé à d’autres axes de réduction d’impact carbone pour les métiers de l’image, je suis preneuse de vos réflexions !

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